Dans la nuit du 25 au 26 décembre 2003, en pleine recherche d’astéroïdes, nous avons découvert une « nouvelle » étoile dans une petite galaxie située sous les Pléiades dans la constellation du Taureau.
Après une nuit blanche et quelques heures d’études, il s’avérait que cette étoile de magnitude 15,8R était une supernova de type Ia. Nous avons donc assisté en léger différé (200 millions d’années) a l’explosion thermonucléaire d’une naine blanche (un soleil en fin de vie).
Pour notre équipe, elle restera comme la « supernova de Noël ».
Image du TBC à l’Observatoire
Image d’archive STScI
Son spectre
Le spectre de la supernova 2003lb a été réalisé par Marilena Salvo au foyer du télescope ANU de 2,3 mètres de l’Observatoire australien du Mt Stromlo le 27 décembre 2003, soit deux jours seulement après la découverte à Vicques.
On y observe les deux raies caractéristiques des supernovae de ‘type Ia’: celle du silicium ionisé une fois (notée Si II) et celle du calcium ionisé une fois (Ca II). 2003lb était donc une étoile compacte en fin de vie – les astronomes parlent d’une naine blanche – qui a volé en éclats lors d’une explosion thermonucléaire.
Aujourd’hui, il ne reste plus rien de cette étoile, même pas un résidu central.
Le télégramme d’annonce de l’Union astronomique internationale
Electronic Telegram No. 55
Central Bureau for Astronomical Telegrams
INTERNATIONAL ASTRONOMICAL UNION
M.S. 18, Smithsonian Astrophysical Observatory, Cambridge, MA 02138, U.S.A.
IAUSUBS@CFA.HARVARD.EDU or FAX 617-495-7231 (subscriptions)
CBAT@CFA.HARVARD.EDU (science)
URL http://cfa-www.harvard.edu/iau/cbat.html
SUPERNOVA 2003lb IN UGC 2850
M. Ory, Delemont, Switzerland, reports his discovery of an apparent supernova on CCD images obtained with a 0.61-m reflector. The new object, which appeared at mag R = 15.7-15.9 on Dec. 25.817 UT and at R = 16.1 on Dec. 26.767, is located at R.A. = 3h45m05s.67, Decl. = +20o45’39 ».3 (equinox 2000.0; average of five positions), which is 8″.6 east and 3″.9 south of the center of UGC 2850. Nothing is visible at this location on a red Palomar Sky Survey plate from 1951 Dec. 1 or a U.K. Schmidt Telescope plate from 1991 Oct. 13.
NOTE: These ‘Central Bureau Electronic Telegrams’ are intended to be preliminary announcements of items that later appear in the formal IAU Circulars. Citations should normally be made to IAUCs rather than to CBETs.
(C) Copyright 2003 CBAT
2003 December 26 (CBET 55) Daniel W. E. Green
La circulaire officialisant la découverte
Circular No. 8260
Central Bureau for Astronomical Telegrams
INTERNATIONAL ASTRONOMICAL UNION
Mailstop 18, Smithsonian Astrophysical Observatory, Cambridge, MA 02138, U.S.A.
IAUSUBS@CFA.HARVARD.EDU or FAX 617-495-7231 (subscriptions)
CBAT@CFA.HARVARD.EDU (science)
URL http://cfa-www.harvard.edu/iau/cbat.html ISSN 0081-0304
Phone 617-495-7440/7244/7444 (for emergency use only)
SUPERNOVAE 2003lb, 2003lc, AND 2003ld
Additional apparent supernovae have been reported from CCD images: SN 2003lb in UGC 2850 by M. Ory (Delemont, Switzerland, 0.61-m reflector), and SN 2003lc in UGC 934 and SN 2003ld in UGC 148 by T. Puckett and L. Cox (cf. IAUC 8225; 0.50-m reflector).
SN 2003 UT R.A. (2000.0) Decl. Mag. Offset
2003lb Dec. 25.817 3 45 05.67 +20 45 39.3 15.8 8″.6 E, 3″.9 S
2003lc Dec. 26.03 1 23 25.82 +30 47 14.9 17.0 32″.1 W, 10″.7 N
2003ld Dec. 28.02 0 15 51.85 +16 05 21.6 16.8 8″.6 E, 1″.3 S
Ory notes that SN 2003lb was at mag R = 16.1 on an image taken on Dec. 26.767 UT, adding that nothing is visible at the location of SN 2003lb on a red Palomar Sky Survey plate from 1951 Dec. 1 or a U.K. Schmidt Telescope plate from 1991 Oct. 13. SNe 2003lc and 2003ld were confirmed on CCD frames taken by Puckett on Dec. 27.15 and 29.15, respectively, but both new objects were absent from his images taken during 1998-2002.
C. L. Gerardy, University of Texas at Austin, reports that a low-resolution optical spectrogram (resolution 600; range 420-950 nm) of SN 2003lb, obtained on Dec. 27.23 UT with the 2.7-m Harlan J. Smith Telescope (+ LCS spectrograph) at McDonald Observatory, shows it to be a type-Ia supernova near maximum light; adopting the 5425 km/s redshift of UGC 2850 from the NASA/IPAC Extragalactic Database (NED), the expansion velocity of the Si II feature (rest wavelength 635.5 nm) is 12400 km/s. M. Salvo, Australian National University and Mt. Stromlo Observatory, also reports that a spectrogram (useful range 370-610 nm) of SN 2003lb, taken in rather poor observing conditions with the 2.3-m telescope (+ Double Beam Spectrograph) on Dec. 27.5, shows it to be a type-Ia supernova around maximum light.
T. Matheson, P. Challis, and R. Kirshner, Harvard-Smithsonian Center for Astrophysics, report that a spectrum (range 370-750 nm) of SN 2003lc, obtained by P. Berlind on Dec. 28.12 UT with the Mt. Hopkins 1.5-m telescope (+ FAST spectrograph), shows it to be a type-Ia supernova near maximum. Adopting the NED recession velocity of 10494 km/s for the host galaxy, the supernova expansion velocity is 10100 km/s for Si II (rest 635.5 nm). The spectral-feature age of the supernova is 4 +/- 2 days after maximum light.
(C) Copyright 2003 CBAT
2003 December 29 (8260) Daniel W. E. Green
Pourquoi les supernovae de type Ia sont si importantes?
C’est en identifiant les raies du silicium ionisé (Si II) mais pas celles de l’hydrogène ni celles de l’hélium dans le spectre des supernovae que les scientifiques peuvent les classer dans la catégorie ‘Ia’. Initialement de type solaire, ces étoiles sont en fin de vie après la fin leurs réactions thermonucléaires, faute de carburant. Elle deviennent donc froide et très compacte: un stade évolutif appelé ‘naine blanche’. Un stade qui ne conduit jamais à une fin explosive, sans la présence à ses côtés d’une étoile géante rouge. On parle d’un système binaire serré dans lequel la naine blanche et la géante rouge sont en orbite proches l’une de l’autre.
En devenant très compacte et donc très attractive, la naine blanche peut parfois ‘phagocyter’ la matière de sa compagne géante. Lentement mais sûrement, la naine blanche initialement stable grossit, grossit encore, grossit toujours jusqu’au jour où elle atteint la masse critique de 1,4 fois la masse du Soleil (appelée la masse de Chandrasekhar). A ce stade, la naine blanche devient instable. Une combustion nucléaire explosive se développe et l’étoile devient une supernova de type Ia. Le coeur de carbone et d’oxygène est converti en grande partie en nickel 56 (qui se désintègre par la suite en cobalt 56 puis en fer 56). Les couches externes sont converties en éléments plus légers (notre fameux silicium que l’on retrouve dans le spectre de la SN, mais aussi d’autres éléments comme le calcium).
Ce scénario explique l’uniformité des explosions de supernovae de type Ia. En effet, puisqu’elles explosent toutes à la même masse, elles projettent dans l’espace la même quantité d’énergie (sous forme lumineuse notamment). Elles constituent des ‘chandelles standards’ que les cosmologistes utilisent pour baliser les distances dans l’Univers. Ainsi, en mesurant la magnitude apparente d’une supernovae de type Ia, il est donc possible de déterminer sa distance!